Chronique par "BD ZOOM"

26/06/2017

« L'Homme qui n'aimait pas les armes à feu T4 : La Loi du plus fort » par Paul Salomone et Wilfrid Lupano

26 juin 2017
Par Gilles Ratier

Conclusion d'un western spaghetti, aussi sombre et dramatique que parodique et décalé, qui a su susciter un intérêt grandissant, au fur et à mesure de la publication de quatre albums : une œuvre parfaitement orchestrée et maîtrisée, tant sur le plan graphique (belle prestation de Paul Salomone, dont c'est la seule véritable production professionnelle) que narratif. Ce qui n'a rien d'étonnant quand on sait que le scénariste est celui qui a aussi commis « Les Vieux Fourneaux ».

Depuis le succès mérité des détonantes et tragi-comiques tribulations de ces trois septuagénaires, mais aussi, dans une moindre mesure, de l'historique et palpitant « L'Assassin qu'elle mérite » (un regard impitoyable sur le milieu artistique viennois du début du XXe siècle), il est de bon ton de reconnaître en Wilfrid Lupano (1) une virtuosité scénaristique que peu de ses congénères ont réussi à imposer au grand public.

Mais ce talent ne date pas d'aujourd'hui, puisque certains de ces premiers pas dans le medium méritent largement votre intérêt, d'« Alim le tanneur » (2004) à « Célestin Gobe-La-Lune » (2007). Il en est de même pour « L'Homme qui n'aimait pas les armes à feu » : le premier tome, qui date de 2011, avait entamé une étonnante poursuite infernale dans un Far West survitaminé, où balles et répliques fusent de toutes parts !

Paul Salomone mérite tout autant notre admiration avec son style semi-réaliste très précis et ses cadrages audacieux, sans parler des tronches croquignolesques de ses personnages toujours à la limite de la caricature et de l'excès, même s'il garde toujours ce qu'il faut de distanciation.

Avec cet impitoyable chassé-croisé, les auteurs abordent le problème de la possession des armes (le deuxième amendement aux États-Unis) et des rapports entre la loi et la violence. Dans un crescendo en quatre opus, ils réussissent à traiter ce sujet grave avec humour et dérision, même si l'action et le drame ne sont jamais très loin : chaque tome rivalisant d'étonnement dans les rebondissements et d'élégance dans les situations incongrues (c'est ce que certains appellent la British Touch !).

Gilles RATIER